Saint-Dizier et son histoire

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Saint-Dizier  2005

Page ouverte en septembre 2000

Page mise à jour le lundi 27 mai 2019

Un peu d'histoire de la Haute Marne

 

En quelques points :

La ville doit son nom au troisième évêque de Langres, martyrisé par le sanguinaire Chrocus, meneur des Vandales. Sa dépouille est déposée dans le château d'Olonne ; un oratoire s'élève à côté, en son honneur. Saint-Dizier trouvera là son point de naissance.

Charles Quint, fort de son imposante armée d'invasion, parvient sous les murs de Saint-Dizier, le 8 juillet 1544. Sûr de sa force de conviction, il ordonne qu'on lui remette les clefs de la ville et de la place forte. Le refus est cinglant, et la résistance qui s'ensuit témoigne de la détermination prodigieuse de toute une population.
A la fin du XVIIIe siècle, Saint-Dizier s'embellit ; son commerce est florissant et sa fréquentation augmente. 

Le feu prend chez le mal nommé boulanger Lepot et se propage rapidement. La nuit des cendres laisse ses traces : 85 maisons, les écoles publiques, les prisons, la halle et l'ancienne église Notre-Dame sont détruites.
Outre un historique traditionnel de la ville, l'abbé Charles Didier, passe en revue les sujets les plus divers depuis l'étude des liqueurs jusqu'à la description de l'hôtel de ville.

 La richesse de Saint-Dizier se mesure à la multiplicité de ses facettes. L'excursion historique essoufflera les plus curieux.

En détails :

La ville occupe l'emplacement de l'ancienne place forte gallo-romaine d'Olonne. Des rescapés chrétiens du massacre de Langres en 264 s'y réfugièrent avec les reliques de Saint Didier. Le château d'Olonne prit alors le nom de Sancti Desiderii Fanum. 

     

Au 5ème siècle, une partie de la population de Perthes, détruit par Attila, s'y réfugia à son tour. Le nom d'Olonne, devenu la Noue, resta à un de ses faubourgs. La ville de Saint-Dizier fut affranchie par une charte en 1228, elle fut rattachée à la couronne royale en 1448.

    Fondation en 1227 du couvent bénédictin de filles Saint-Pantaléon à l'orée de la forêt du Val.

Son château fut livré aux Anglo-Bourguignons en 1407. 

Elle est l'une des seules villes à détenir la légion d'honneur décerné pour un fait militaire d'un ancien régime par la république.

   La seigneurie appartint à la famille des De Dampierre du 11ème au 15ème siècle (1407), puis fut partagée entre les De Vergy et la Couronne jusqu'en 1488 pour finir propriété exclusive de la Couronne. Elle fut dominée par les Guise durant les guerres de religion et donnée à la famille d'Orléans jusqu'à la révolution.

La charte d'affranchissement de 1228

En 1228, Guillaume de Dampierre, renonçant au droit féodal, établit une charte d'affranchissement fortement inspirée du système communautaire si bénéfique aux Flandres d'où son épouse Marguerite est originaire. Quoique conservant la plupart de ses prérogatives, le seigneur délègue une partie de ses pouvoirs aux échevins de la ville. Il est vrai que l'essor économique des nouveaux affranchis ne pouvait que profiter aux bourgeois et au seigneur...

La mention de fortifications seigneuriales est ainsi stipulée : " Lesdits bourgeois doivent ménager des issues dans l'enceinte de la ville et, en dehors de ces issues ménagées pour la commodité de la ville, de l'avis et d'après le serment des échevins, ils seront tenus d'entretenir les fortifications de la ville, et le seigneur est obligé de leur fournir de ses forêts le merrain nécessaire pour les portes et les tours et les bois pour soutenir les hordins, ainsi que le merrain nécessaire pour les ponts, tant qu'on trouvera dans les forêts du seigneur, et tout sera fourni par le bailli. La ville doit couvrir de tuiles les portes et les tours. S'il survenait des guerres, ou quelque pressante nécessité, et que le seigneur ne voulut point palisser la ville, il donnera auxdits bourgeois du même bois tant qu'on trouvera dans la banlieue pour protéger la ville "

Ces servitudes réciproques suggèrent un système défensif en cours de réalisation, dont l'entretien est désormais à la charge de la Ville. A défaut de fondations et d'élévations en appareil maçonné, il semblerait que la défense de l'agglomération consiste au départ en un simple fossé (ponts) renforcé par une enceinte palissadée. Si des issues doivent être ménagées pour accéder à la ville, le périmètre urbain doit être sinon déjà délimité précisément, du moins subordonné à l'enceinte du château. L'implantation du clos seigneurial remonterait donc au 12è siècle, époque à laquelle les seigneurs de Moëslains rapprochent le village de Gigny (situé sur le côteau, en face de Marnaval) et son église Saint-Martin.

 

L'ensemble des fortifications fut renforcé à partir de 1542 par un ingénieur militaire Italien Girolamo Marini pour assurer la défense de la ville contre les menaces de l' empereur Charles Quint dont l'élection était contestée par François 1er.

Il transforma la ville médiévale de l'époque en bastion mieux adapté aux nouvelles techniques de guerre.

 

Le siège de 1544

C'est la campagne de France des 100 jours et l'empereur Charles Quint veut arrivé à Paris pour battre François 1er.

 Le 2 juillet 1544 le capitaine Lalande dont une rue porte son nom vient renforcer la ville avec 300 hommes à pieds.

A cette époque le bastion de la ville est commandée par le comte de Sancerre, et le mois de juillet est très pluvieux.

A l'arrivée des troupes de l'empereur  le 4 juillet 1544 commandé par Ferdinand de Gonzague, il constate que les faubourgs de Gigny et de la noue sont incendiés et que la rupture des vannes des étangs de la Vacquerie et de la Loubert a inondé la partie nord de la ville et rempli les fossés d'enceinte.

Les défenseurs se relaient en permanence pour consolider les remparts. Certaines maisons seront ainsi démolies afin d'en réutiliser les matériaux.

Le 13 juillet, le capitaine Lalande est décapité par un boulet de canon, et sa mort sera caché tant pour le moral des défenseurs que pour les assiégeants qui craignent cet homme.

Charles Quint arrive le 13 juillet avec des renforts et son artillerie bombarde sans relâche les défenses depuis la veille.

 Le 15 Juillet, le prince d'Orange, blessé la veille par les tirs français, succombe à son tour.

L'assaut est donné le 15 juillet à 9 heures. Sur les remparts, soldats et habitants déversent sur les assaillants une pluie de pierres et de feu. Lorsque les troupes se replient, trois heures plus tard, le bilan est lourd : 800 Espagnols et 116 Bavarois sont morts ou mourants. Le soir même, Sancerre écrit au roi pour l'informer du courage des habitants de Saint-Dizier. François 1er ordonne alors une procession d'action de grâces à Notre-dame de Paris et octroie à la ville sa glorieuse devise Regnum sustinent (ils soutiennent le royaume).

L'Europe entière a les yeux braqués sur Saint-Dizier où, faute de munitions, le siège a commencé. Le 3 août, Sancerre écrit au duc de Guise pour réclamer de l'aide car la ville est à bout de ressources. Le message est intercepté et décodé par Gonzague qui adresse quelques jours plus tard à Sancerre une fausse missive du duc de Guise lui conseillant de se rendre.

Les conditions de capitulation font l'objet d'âpres négociations. Le 17 août, les assiégés quittent la ville, aussitôt envahie par l'ennemi. Le 16 septembre 1544, la paix de Crépy-en-Laonnois met fin au conflit qui opposait les deux souverains. Elle prévoit, entre autres, que Saint-Dizier soit rendue aux Français. En reconnaissance de la bravoure de ses habitants et des pertes subies, François 1er exemptera la ville de taille et de taxes pendant six ans.

 La ville fut donc assiégée du 4 juillet 1544 au 20 août 1544 par les troupes de l'empereur Charles Quint : 42000 hommes contre 2500 hommes de garnison et 2000 habitants; elle capitula honorablement après un siège dont la population garda le nom de "BRAGARDS". 

Comme la légende le prétends cela ne vient pas de BRAVES GARS car le mot GARS n'existait pas à l'époque.

La seule plausible vient d'un mot de l'époque, tiré d'un dictionnaire de vieux français de la guerre de cent ans qui signifie : le calme du brio et de la bravoure.

Dans les siècles qui ont suivi le mot BRAGARD eu d'autres significations

Elle resta une ville frontière jusqu'au rattachement de la Lorraine à la France en 1766; cette situation obligea à maintenir en état les fortifications de la cité.

 

L'incendie de 1775

En 1775, en pleine sécheresse, dans la nuit du 19 au 20 août, un incendie prend naissance dans une boulangerie du centre ville chez le mal nommé boulanger Lepot et se propage rapidement. 

 

Cette incendie détruisit les 2/3 de la place et cette nuit des cendres laisse ses traces : 85 maisons, les écoles publiques, l'hôtel de ville, les prisons, la halle et l'ancienne église Notre-Dame sont détruites.
 la ville fut alors reconstruite sur un plan nouveau et une architecture uniforme semble avoir été imposée pour les habitations.

La place Emile-Mauguet (jadis place du Petit-Bourg), épargnée par l'incendie, donne une idée de l'architecture locale à cette époque. C'est sans doute ce sinistre d'envergure qui permet à la ville d'échapper à la tourmente révolutionnaire. En 1789, en effet, les Bragards s'activent à reconstruire leur ville selon les plans de Coluel qui donnent globalement au centre-ville son aspect actuel : rues plus larges, percement d'une voie centrale (rue Gambetta), bâtiments uniformisés, etc.

 

La révolution

A la Révolution, le château fut déclaré Bien National.

Belle-Forêt-Sur-Marne est le nom que porta la ville pendant quelques temps après la Révolution de 1789.

Le 4 mars 1790, l'Assemblée Constituante crée le " département méridional de la Champagne désigné sous le nom de la Haute-Marne ".

Jusqu'à cette date, la Haute-Marne n'existe pas.

La victoire de Napoléon du 27 janvier 1814

On sait que fin décembre 1813 Schwarzenberg, violant la neutralité de la Confédération helvétique, franchit le Rhin à Bâle à la tête de l’armée de Bohême forte de plus de 200 000 hommes pour se retrouver le 17 janvier à Langres marchant sur Chaumont et Bar-sur-Aube .

De son côté Blücher, commandant l’armée de Silésie, qui compte quelques 85 000 soldats russes et prussiens, passe le Rhin au Nord à Mannheim et Mayenne le 1er janvier 1814, puis traverse la Sarre, occupe Metz et pousse sur Toul et Ligny-en-Barrois .

Le 18 janvier il marche sur Saint-Dizier que Victor, qui se replie depuis l’Alsace, abandonne le 25 janvier .

A cette date Napoléon arrive à Châlons-sur-Marne (Châlons en Champagne aujourd'hui). Il va dans quelques jours disposer de 35 000 hommes représentant les corps des maréchaux Macdonald, Marmont et Ney .

Le maréchal Claude Perrin dit Victor, a concentré entre Vitry-le-François et Perthes les trois divisions d’infanterie du 2eme corps et le 5eme corps de cavalerie de Milhaud, soit environ 10 000 hommes .

Il va faire donner la 3eme division d’infanterie et du 2eme corps commandée par Duhesme soit environ 2 700 hommes ( 11eme léger, 2eme et 4eme de ligne, 72eme de ligne) et la 9eme division de cavalerie légère de Piré ( 3eme hussard, 26eme, 14eme et 27eme chasseurs), soit, artillerie comprise, quelques 1300 cavaliers .

De son côté le général de division Landskoï commande à Saint-Dizier une division de hussards russes du corps de cavalerie de Wassilischikow, arrière-garde de l’armée de Silésie et une brigade d’infanterie soit au total 3000 hommes .

Il semble bien que Landskoï qui attend les 19 000 soldats du corps prussien de York, n’ait pris aucune précaution particulière . A vrai dire pour les coalisés, cette campagne d’hiver ressemble jusqu’alors à une promenade militaire qui, hormis quelques accrochages, ne s’est heurtée à aucune résistance sérieuse . En dehors de quelques sentinelles . Landskoï n’a pris aucune disposition .

Il va donc être surpris par l’assaut de Victor qui, à 10 heures du matin, lance sur le faubourg Ouest de Saint-Dizier une attaque rapide d’infanterie soutenue par la cavalerie légère .

Lorsque cornets et trompettes sonnent l’attaque les cavaliers et les fantassins russes de Landskoï se sont retranchés dans la grande rue derrière des barricades improvisées .

Il sont abordés à la baïonnette par les voltigeurs du 11eme léger et les fusiliers du 4eme de ligne tandis que grondent les pièces de campagne du 2eme corps .

Des escadrons de cavalerie russe débouchent du bois des Frouchies situé au Nord-Ouest de la ville pour prendre de flanc les colonnes d’assaut mais ils sont reçus et repoussés par les feux de files des soldats français .

Les russes se retirent en désordre, partie à l’ Est vers la côte d’ Ancerville, partie au Sud vers Marnaval et Eurville par le grand pont sur la Marne qu’ils n’ont pas eu le temps de faire sauter .

Dans cette direction ils sont poursuivis par les escadrons du 26eme chasseur à cheval dont le colonel Müller tombe frappé par une balle . Il est 11 heures . Les russes en débandade laisse une centaine de prisonniers entre nos mains .

Coignet écriva dans ses cahiers : “ Ce n’était pas un combat, mais une vraie bataille, des plus acharnées . Cette ville fut massacrée par la fusillade, l’on pouvait compter dans les fermetuers des portes et contre-vents des milliers de balles; les arbres d’une petite place ( sans doute celle de l’église de la Noue dans le faubourg Ouest ) étaient criblés, toutes les maisons pillées . Ils perdirent beaucoup de monde et furent obligés de se retirer .”

Cette victoire française n’avait pas de grandes conséquence stratégique, mais elle était pour les français un succès mental, Psychologique .

Rendons hommage aux soldats français morts ( soit sur le champ de bataille ou bien de blessures à l’Hôpital) de cette première victoire de la campagne de France :

Jean Antoine Müller, colonel du 26eme régiment de chasseurs à cheval, baron de l’Empire du 10 septembre 1808, mort le 27 janvier 1814 à 11 heures .

Antoine Lapaling, 50 ans, originaire de Corse, sergent au 11eme léger, mort de ses blessures le 3 février .

Jacques-Antoine Beuny, 20 ans, originaire de la Meurthe, voltigeur au 11eme léger, 1er bataillon, 3eme compagnie, mort le 16 mars .

Antoine Matachet, 22 ans, originaire de Montenotte, voltigeur au 11eme léger, mort le 17 mars .

Victor Moignot, 24 ans, originaire de Paris, cavalier au 3eme hussards, 1er escadron, 1ere compagnie, mort le 10 février .

Pierre Migoubert, 20 ans, originaire du Loiret, 4eme de ligne, 5eme bataillon, 2eme compagnie, mort le 23 février .

Joseph Perrot, 29 ans, originaire d’Eure-et-Loir, 4eme de ligne, 5eme bataillon, mort le 25 février .

Jean-Pierre Picard, 20 ans, originaire d’Eure-et-Loir, 4eme de ligne, 5eme bataillon, mort le 7 mars .

Claude Moche, 25 ans, originaire du Puy-de-Dôme, 4eme de ligne, 4eme bataillon, mort le 8 mars .

Nicolas Dubus, 20 ans, originaire d’Eure-et-Loir, 4eme de ligne, 2eme bataillon, 3eme compagnie, mort le 16 mars .

Jacques Pelletier, 21 mars, originaire du Loiret, 4eme de ligne, mort le 17 mars .


La deuxième bataille de Napoléon du 26 mars 1814

La phase finale de cette campagne s’ouvre le 13 mars par la bataille de Reims et s’achève le 30 mars aux portes de Paris . Certes c’est une petite victoire mais elle est d’un grand effet moral car elle raffermit le courage des français, déconcerte les Coalisés et effraye Blücher qui, surpris par ce coup foudre dans son dos, fait retraite sur Laon .


Napoléon va alors reprendre son plan primitif d’une offensive sur l’ Aube contre le flanc du timide prince de Schwarzenberg qui ne réagira qu’à Arcy-Sur-Aube les 20 et 21 mars .

En attendant c’est à Reims, où il reste jusqu’au 17, que l’ Empereur envisage, combinée avec une marche sur l’Aube, la manœuvre vers l’ Est sur les arrières de l’ennemi qui doit lui permettre de rallier les garnisons de Loraine et de dégager Paris .

C’est en quittant Reims qu’il écrit au duc de Feltre que s’il a l’avantage il se portera “ par Vitry sur Saint-Dizier et Langres ce qui obligera l’ennemi à revenir .” ( lettre inédite du 17 mars, coll.Rossignol ) et le soir, à Epernay où “ le vin de Champagne fait oublier aux soldats leurs fatigues et aux généraux leurs inquiétudes” ( baron Fain), il confirmera qu’à Troyes “il va tomber sur les derrières de l’ennemi .”

A noter que du 17 au 26 mars inclus, le temps, jusque-là peu clément qui mêlait neige, pluie et gel, devient sec et très beau, ce qui facilite les mouvements de sa petite armée forte du moins de 30 000 hommes .

Le 19 au matin, Napoléon se porte sur Plancy précédé par la cavalerie de la Garde et les escadrons réunis du général Berckeim et suivi par la Vieille Garde et l’artillerie .

Il confirme au duc de Feltre, ministre de la Guerre : “ Je vais me porter sur Saint-Dizier, tout à fait sur leurs derrières, ce qu’ils paraissaient redouter par dessus tout .” ( lettre signée par le baron : même collection ) et il demande que l’on invite Macdonald à le rejoindre .

C’est cette manœuvre audacieuse qui, après Arcy-sur-Aube, va se développer le 22 mars et se poursuivre sur un arc de cercle de près de 70 km : Macdonald en arrière-garde sur l’Aube tandis que les avant-postes atteignent Vitry-le-François, puis passage de la Marne à Frignicourt et marche sur Saint-Dizier où l’Empereur arrive le 23 mars dans l’après-midi .

On sait que malheureusement sa lettre du 23 au matin adressée à l’impératrice Marie-Louise sera interceptée par les coureurs de Blücher : “ J’ai pris le parti de me porter sur la Marne et sur ses communications afin d’éloigner l’ennemi de la capitale et de me rapprocher de mes places....”

Une dépêche analogue de Berthier à Macdonald datée du 23 à 3 heures du matin du Plessis, où l’Empereur a passé la nuit, subira le même sort .

Entre le 23 et le 26, les Coalisés s’interrogent, tergiversent, amorcent une retraite puis le 25 décident de marcher droit sur Paris en envoyant le maréchal russe Winzingerode avec son corps de cavalerie sur Saint-Dizier “ pour faire croire à Napoléon que toute l’armée est à sa poursuite .” ( Clausewitz )

Dans le même temps pour écarter la menace éventuelle sur son flanc de l’armée de Bohême, Napoléon et sa petite armée poussent sur Bar-sur-Aube après avoir envoyé dans tous les azimuts des reconnaissances de cavalerie......sauf en direction de Vitry-le-François au-delà duquel les armées de Silésie et de Bohême viennent de se rejoindre ......

Le 25 mars, l’Empereur est à Doulevant tandis que ses divisions sont échelonnées dans la vallée de la Blaise d’Humbécourt à Doulevant . Il lance des reconnaissances mais arrête son mouvement car il vient d’apprendre par Macdonald et par Ney que l’on entend le canon à l’arrière-garde et que 10 000 chevaux viennent d’entrer dans Saint-Dizier .

S’agit-il d’un corps détaché où d’une forte avant-garde ennemie ? En tout cas c’est une occasion à saisir et pour en avoir le coeur net Napoléon, à 9 heures du soir, fait transmettre l’ordre d’attaquer l’ennemi le lendemain et de l’acculer à la Marne .

Le samedi 26 mars à 2 h 30 du matin, l’Empereur quitte Doulevant et par Wassy arrive à l’aube sur les hauteurs de Valcourt après avoir refoulé les Cosaques du général Tettenborn qui se sont avancés au-delà d’Eclaron .

Alors va se dérouler la dernière bataille de la campagne de France : elle va opposer une fraction de l’armée Impériale soit quelques 13 000 hommes aux 12 000 cavaliers et fantassins russes du maréchal Winzingerode . N’oublions pas, pour prendre l’exacte mesure de cette affaire, que la bataille de Champaubert qui reste inscrite dans la mémoire collective a mis en présence moins de 6 000 combattants de part et d’autre......

Du haut des “ Côtes noires”, falaises de marnes vertes hautes de plus de 50 mètres qui dominent de façon abrupte une boucle de la Marne, l’Empereur qui arrive entouré de son état-major découvre le panorama du champ de bataille et reconnaît le dispositif ennemi tandis que la réserve d’artillerie se met en position : à ses pieds un large méandre de la rivière franchissable par deux gués situés l’un à 2 km à gauche à Laneuville-au-Pont, l’autre à 1 km à droite à Moëslains, au-delà la plaine où s’éparpillent des vedettes ennemies .

Pour toile de fond la forêt de Troisfontaines avec, dans la même teinte de vert foncé la “ garenne” de Perthes à gauche et sur la droite les faubourgs Ouest et Nord de Saint-Dizier .

Le site n’a pas beaucoup changé depuis, mis à part l’essartage du “ petit jard” entre les Côtes noires et Laneuville-au-pont, et la disparition, au-delà de Moëslains et de la Marne, du village d’Hoéricourt dont il ne subsiste qu’une église en ruines, dernier témoin d’un massacre ultérieur .

Avec sa longue vue, l’Empereur découvre dans la plaine une masse de chevaux soutenue par de l’infanterie et une quarantaine de pièces . La cavalerie est déployée sur deux lignes, en arrière et en avant de la route de Vitry-le-François .

Elle s’appuie sur sa gauche au faubourg de la Noue défendu par deux bataillons de chasseurs et sur sa droite à la “ Garenne” de Perthes dont un bataillon d’infanterie occupe la lisière .

L’avant-garde de Tettenborn s’est replié sur Hallignicourt, 12 canons sont en batterie sur le front, 30 en réserve et quelques escouades de tirailleurs forment un rideau sur la rive droite de la Marne .

L’Empereur décide alors d’attaquer l’ennemi de trois côtés à la fois : au centre le 2eme corps d’armée commandé par Gérard ( 3000 hommes) suivi de la Vieille Garde de Friant ( 6000 hommes) franchira la Marne au gué de Moëslains-Hoéricourt et se portera directement sur le centre russe .

En fait la Garde à pied ne donnera pas et restera en réserve près de Valcourt . A droite le 7eme corps d’Oudinot ( 5500 hommes) qui a traversé la forêt du Val pour déboucher au sud de Saint-Dizier s’assurera du grand pont de la Marne et délogera cavaliers et fantassins russes qui le gardent .

A gauche toute la cavalerie aux ordres de Sébastianni ( 4500 chevaux) franchira la Marne à Laneuville-au-pont pour rompre le dispositif ennemi et couper sa retraite vers Vitry-le-François .

Les ordres ennemis . Napoléon donne le signal de l’attaque par les habituels trois coups de canon tirés par une batterie de la Garde . Sébastianni passe la Marne au gué de Laneuville-au-pont et déploie sa cavalerie qui, se forme par pelotons en ligne à mesure qu’ils abordent l’autre rive .

Chargés par les cosaques de Tettenborn cette cavalerie les repousse puis appuyée par l’artillerie en position sur les “ Côtes noires” elle s’engage contre la ligne de bataille ennemie en se portant sur le flanc droit des russes .

Il est alors 11 heures environ . Sur la gauche des cosaques et les tirailleurs russe sont dispersés et rejetés vers Perthes par la division de dragons du général Lhéritier ( 18eme, 19eme, 20eme, 22eme et 25eme régiments) soit un peu plus de 1100 cavaliers .

Un officier du 22eme dragons, qui avec le 25eme forme la brigade Colbert, raconte dans ses Souvenirs le passage du gué : “ L’on se forma en colonne serrée par escadrons pour passer la rivière en présence de l’ennemi.... Les cosaques à portée de pistolet nous menaçaient de la lance . Le colonel fit faire feu, les cosaques reculent . Il profite de ce mouvement pour entamer la charge ..... la déroute fut complète .” ( lieutenant Charles de Sallimard) .

Sur les russes qui se forment en colonnes pour se replier le général Sébastiani lance les dragons de la Garde du général Letord, les lanciers du 2eme régiment de Colbert ( lanciers rouge ), les chasseurs à cheval de Lefebvre-Desnoëttes et les grenadiers à cheval .

Les corps de Saint-Germain, Milhaud et Valmy suivent la Garde à cheval et se déploient aux ailes mais n’ont pratiquement pas à intervenir hormis les 2000 dragons d’Espagne du général comte Treillhard . De son côté Lefebvre-Desnoëttes, qui appuie Lhéritier, n’a besoin d’engager que l’escadron d’avant-garde et les Mamelouks dont il dira dans son rapport : “ ils ont sabrés à l’ordinaire ” .

Le capitaine Antoine de Montarby qui commande la 6eme compagnie des dragons de la Garde précise qu’après le premier choc  “ on nous fit porter sur la gauche de la route ( de Saint-Dizier à Vitry), pour soutenir la charge des dragons de la ligne et, à peine entrés dans le bois ( la forêt de Troisfontaines) nous reçûmes l’ordre de rétrograder et de soutenir sur la route de Bar-le-Duc le mouvement de l’Empereur .”

Pendant ce temps, les corps de Ney, Macdonald et Gérard franchissent comme prévu la Marne au gué de Moeslains -Hoéricourt mais seul le corps de Gérard intervient contre le centre russe à l’emplacement actuel de la base aérienne .

Quand au 7eme corps d’Oudinot qui arrive par la route de Joinville, il attaque Saint-Dizier par le sud  et se heurte pendant une heure à une division de cosaques irréguliers soutenus par plusieurs pièces de canon dont quatre obusiers placés près du grand pont devant le dépôt de mendicité ( actuellement C.H.S.)

A 2 heures de l’après-midi, le corps d’armée de Winzingerode est en déroute sur tous les points et l’infanterie de Leval entre au pas de charge dans la ville . Winzingerode en retraite sur Bar-le-Duc, en tachant de rallier son infanterie .

L’Empereur l’épée à la main mène la poursuite et De Montarby précise que les 4 escadrons des dragons de la Garde bousculent dans le ravin de Saudrupt 2000 cavaliers russes et 2 bataillons d’infanterie russe, l’un dans un bois à l’entrée de la route, l’autre à gauche au milieu des vignes à l’entré du village .

Témoin oculaire F.A. Pernot confirme cet épisode en précisant que si à Saint-Dizier la bataille n’a pas duré plus de 3 heures, la poursuite de l’ennemi, restèrent bivouaquées sur la route de Bar-le-Duc .

Cette route assez étroite jusqu’à Chancenay offrait dans ce moment-là un très beau coup d’œil . Les soldats avaient allumé des feux de distance en distance et, comme la route monte, l’on apercevait de la ville toute la campagne éclairée et les feux qui brillaient dans l’ombre, faisaient un très bel effet...... L’Empereur fut salué par les soldats assez contents de cette journée .”

Le résultat immédiat de cette journée était le suivant : Winzingerode laissait sur le terrain 500 tués ou blessés, 18 canons, , près de 3000 prisonniers . Du côté français, deux officiers et deux soldats tués, plusieurs dizaines de blessés dont 20 officiers de dragons .

“ Brillant trophée, le dernier hélas de cette héroïque et fatale campagne” dit Thiers . Le succès de cette brillante affaire fut terni par l’évidence du lendemain : Napoléon n’avait battu qu’un corps détaché, les coalisés étaient en marche sur Paris

 

19 ème siècle

 Au début du 19 ème siècle, en exécution du plan de reconstruction, les remparts furent démolis, les terrains des fossés et fortifications mis en vente, la route Paris-Strasbourg fut crée, les habitations débordèrent l'enceinte antérieure et les vides entre la ville et les faubourgs principaux furent comblés.

1905

Lorsque fut signée la paix de Crépy-en-Laonnois, le 17 octobre 1544, qui rendait Saint-Dizier à la France, François 1er reconnaissant permit à la ville, qui n'avait jusqu'alors eu d'autres armes de celles de ses seigneurs, de porter enfin les siennes.

Leur libellé officiel est celui qui figure dans l'Armorial d'Hozier. C'est le Journal Officiel du Blason de France, publié en 1696, et ses descriptions, mêmes erronées, ont force de loi : nul ne peut les modifier. Or, selon lui, celles de Saint-Dizier se lisent : "d'azur a un château crénelé d'argent donjonné de trois pièces de même posé dans un bateau aussi d'argent. Devise : Regnum sustinent."

Ce château est un attribut guerrier porté par les armes de bien des villes. Le bateau, emblème de la navigation et du commerce, n'apparaît pas dans les sceaux antérieurs à d'Hozier mais figure dans les armoiries de l'Abbaye de Saint-Pantaléon qui ressemblent étrangement à celles de la ville. Bien que fixé officiellement par d'Hozier, le blason de Saint-Dizier a subi les modifications les plus fantaisistes. Parfois le bateau est supprimé, parfois il est représenté avec des rames et sous une forme pas toujours gracieuse.

En 1905, à l'occasion de l'inauguration du monument du siège de 1544, la Ville de Saint-Dizier se vit décerner la croix de la Légion d'Honneur, avec autorisation de l'introduire dans ses armes. Le 23 septembre 1906, un décret du Président de la République A. Fallières établissait les armoiries de Saint-Dizier de la façon suivante : "d'azur a un château crénelé d'argent donjonné de trois pièces de même et maçonné de sable, posé dans un bateau aussi d'argent, à un canton de gueule chargé de la croix de la Légion d'Honneur au naturel. L'écu surmonté de la couronne murale à quatre tours et accompagné de deux branches, une de chêne à dextre, l'autre de laurier à senestre. Devise : Regnum sustinent, sur un liston d'azur."

Par la suite, les armes se sont enrichies de la Croix de Guerre, décernée à la Ville en 1921 et placée dans le coin de gauche. Un décret du 22 juin 1922 modifie comme suit le texte antérieur : "… à deux cantons, de gueule chargé de la Croix de la Légion d'Honneur à dextre, et un autre palé de gueule et sinople de huit pièces chargé de la Croix de Guerre à senestre, avec au-dessous, sur liston d'argent la devise : Regnum sustinent."

Enfin, en 1996, à l'initiative du maire de Saint-Dizier, les décorations ont été retirées de l'écu pour les placer à sa pointe, permettant aux armes de la Ville de retrouver leur forme originelle.

 

Première guerre mondiale en photos

 En 1914, l'invasion s'arrêta presque à nos portes : les champs de bataille de Sermaize, Maurupt, Blesme et Pargny-sur-saulx ne sont qu'à quelques lieues. Au cours de la guerre, la ville subit de nombreux bombardements.

Seconde guerre mondiale en photos

 Durant la 2ème guerre mondiale, elle fut occupée par l'ennemi du 13 juin 1940 au 30 août 1944 et connut quelques raids des alliés sur le camps d'aviation.
Il fut endommagé par un incendie durant la dernière guerre avant de devenir sous-préfecture en 1955.

 

La métallurgie.


Des forêts pour le combustible, des eaux vives donnant la force motrice, des gisements de minerai de fer fournissant la matière première permirent très tôt le développement de la métallurgie. Cette activité très ancienne (gallo-romaine et médiévale) a surtout pris son essor après 1870 avec les installations Marnavalaises (hauts-fourneaux, cokeries, fours, laminoirs). Les hauts-fourneaux de Marnaval s'éteignirent en 1940, laissant de nombreuse friches industrielles en place.

 

Le brellage.


Autrefois, mariniers et constructeurs de bateaux formaient 1/10 de la population de Saint-Dizier. Le flottage du bois se développe beaucoup au 17ème siècle: les arbres amenés des forêts voisines étaient assemblés en "coupons" sortes de radeaux de 5m x 8m. Ces coupons étaient assemblés entre eux pour former des trains de bois de 200m ou "brelles". La longueur de ces trains pouvaient atteindre 6 km. Il fallait 8 à 10 jours pour rejoindre Paris. Le chef marinier ou facteur, aidé de ces hommes(une dizaine), faisait avancer les brelles à l'aide d'une perche appuyée sur le fond de la rivière. Quelquefois, un cheval ou un boeuf l'aidait en empruntant le chemin de halage. Ce bois flotté servait à transporter toutes sortes de fret: fer, fonte, charbonnette, barriques de vin, charbon de bois... Le marinier mettait 3 ou 4 jours pour rentrer à pied!

 

Découvertes.

En 1971, lors des travaux du canal du Der un dinosaure est mis à jour. Aujourd'hui, Saint-Dizier est la seule de France à avoir livré un Iguanodon (env. 115 millions d'années), il est visible au Musée municipal.

 Malgré quelques traces préhistoriques, l'occupation plus ou moins structurée des lieux sera tardive, située essentiellement à la périphérie de la ville, sur la rive gauche de la Marne. Le site comportant la plus forte concentration (de l'âge du Bronze au Moyen Âge) correspond à l'actuel Chêne Saint-Amand.

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