CINÉMA EN HAUTE-MARNE

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Saint-Dizier  2004

Site mis à jour le lundi 13 août 2018

C''est le premier été d'après-guerre, cinquante ans après la première projection publique haut-marnaise (à Langres, sans doute), le département reçoit la visite de deux vedettes incomparables de l'époque, et de l'histoire du cinéma.

  Marlene Dietrich et Jean Gabin, qui ne se quittent plus depuis leur rencontre à Hollywood durant la guerre, débarquent à Vaudrémont, pour Gabin, c'est un retour.  Il a en effet traversé le département deux ans plus tôt... avec la 2e DB, L'ange bleu Marlène a elle aussi payé de sa personne en venant en France encourager les soldats américains.

MARLENE À VÉLO   

Refusant les offres de Marcel Carné pour tourner "Les Portes du Paradis", offusquant Prévert qui avait écrit "Les Feuilles mortes" pour Dietrich, le couple se met d'accord avec le réalisateur Georges Lacombe et Edmond Descharmes, pour fixer sur pellicule un roman dont Gabin a acquis les droits en 1937, Martin Roumagnac.  Pendant dix jours, des scènes sont tournées à Saint-Dizier et dans les environs (les bords de Marne, du côté de Perthes).  Au Café de l'industrie a lieu la rencontre entre les deux protagonistes.  Où les Bragards, habitants de "Clairval" pour l'occasion, voient arriver Marlene Dietrich, alias Blanche, en bicyclette depuis l'avenue de la République.  Martin (Gabin) l'invite à boire un verre, Ils se sont côtoyés pour la première fois la veille, lors ... d'une réunion de boxe (on n'est pas à Saint-Dizier pour rien).

Hors-tournage, tandis que Gabin apprend à Marlene l'art de  la pêche à la carpe dans l'étang du château de Vaudrémont, leur cuisinière haut-marnaise leur prépare, à leur demande, des quiche dorées des plus savoureuses. L'accueil haut-marnais réjouit d'ailleurs les acteurs, qui louent "ce petit coin de France aimable et tout rempli de fraîcheur". Lors d'une rencontre avec une vieille habitante du village, celle-ci trouvera Marlene Dietrich tout à fait digne de faire du cinéma. Plus étonnée que jean Gabin soit de la partie, la paysanne s'exclame : "Il a l'air bien brave, pourtant". Le cinéma est bien art d'apparences.

FIGURANTS EN  CULOTTES COURTES

Dans le film, l'entrepreneur Martin Roumagnac confie: "Pour  moi, il n'y a pas de plus beau paysage sur terre". Il parle du pittoresque point de vue sur la digue de Saint-Ciergues, à la        source de la Mouche, où il doit élever une villa pour sa bien  aimée (exactement comme   Gabin le faisait à l'époque pour Dietrich).  Une maison à l'échelle 1/2 est construite, sur laquelle s'activent des ouvriers ... en culotte courte, élèves de l'école communale des Chavannes, à Langres, figurants d'un jour.  Même les outils sont miniatures: la scène sera tournée de loin, pour maintenir l'illusion.

Le mari de l'institutrice des têtes blondes, Madame Joigneauld, fut témoin du tournage.  Il vit Marlène et Jean Gabin sortir d'un kiosque construit dans le pré.  Après quelques pas, Gabin cueille un trèfle, le tend à sa compagne, et dit : "c'est un trèfle, mais il n'a que trois feuilles".  Le cinéma étant ce qu'il est, la scène fut recommencée plusieurs fois.  Au bout de  quelques prises, Gabin, excédé,  finit par lâcher: "Vous   m'emm...  avec votre trèfle!". Personne n'aura de peine à imaginer la scène, en se promenant du côté baie de Morgon ... 

 à suivre... 

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